Aller au contenu  Aller au menu principal  Aller à la recherche

bandeau-cptc

Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC)

Séminaire linguistique 2022

webprogramme seminaire linguistique2022

 

Mardi 20 septembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Séance inaugurale du séminaire (pas de conférence)

Samir Bajrić, université de Bourgogne

 

Mardi 27 septembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Le micro-système temporel en français oral contemporain

Thierry Ponchon, université de Reims Champagne-Ardenne

Résumé

De prime abord, la syntaxe du français parlé se différencie de celle du français écrit par la brièveté des phrases et la simplicité de leur structure. La situation de l’énonciation immédiate, de dialogue notamment, par rapport à l’énonciation médiate dans la linéarité de l’expression écrite, en­traîne des ruptures, des reprises, des amendements, des répétitions, des suspensions et s’accompagne souvent de gestes. Le discours parlé se pré­sente donc comme une association de phrases correctes selon la norme gram­maticale absolue et de bouts de phrases, de faux départs, de syntag­mes et de mots fragmentaires ou isolés, comme dans cet exemple du corpus Elicop :

« eh bien c’est après que je suis venu ici à Gerzat après cette guerre n’est-ce pas je suis venu pour moi aussi personnellement euh j’ai passé les mei la meilleure partie de ma jeunesse euh à la guerre n’est-ce pas. » (http://bach>. arts.kuleuven.ac.be/lancom/abstract.htm)

Cet extrait montre que le tissu textuel est approximatif et contraire à ce qui est attendu de la forme écrite. Dans la mesure où ces caractéristiques du français parlé apparaissent dans nombre de couches sociales, elles peuvent être considérées comme spécifiques de ce registre. Et tout échantillon suffisamment étendu montre clairement l’importance cruciale des marques de structuration.

Plusieurs phénomènes syntaxiques typiques du français parlé sont ainsi aisément décelables : les répétitions, les ruptures de phrases, les suppressions, les faux départs, l’emploi des différentes formes présentatives, l’usage de la thématisation, les spécificités de l’interrogation intonative et la prédominance de la parataxe.

Ce sont ces différentes spécificités qui seront envisagées dans cette communication.

 

Mardi 4 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

La linguistique théorique au regard de la linguistique appliquée

Pierre-André Buvet, université Sorbonne Paris Nord

Résumé

Notre exposé portera sur les interactions entre linguistique théorique et linguistique appliquée. Nous défendrons la thèse selon laquelle la linguistique appliquée sert de cadre expérimental à la linguistique théorique. Nous présenterons un modèle linguistique et des applications directement issues de cette modélisation. Nous discuterons ensuite des conséquences théoriques  de la mise en œuvre de ces applications.

 

Mardi 11 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Le conseil de classe le/la félicite ; l’ubiquité énonciative de la troisième personne dans les bulletins scolaires

Isabelle Monin, université de Reims Champagne-Ardenne

« LE CONSEIL DE CLASSE LE/LA FÉLICITE »

L'UBIQUITÉ ÉNONCIATIVE DE LA TROISIÈME PERSONNE DANS LES BULLETINS SCOLAIRES

Résumé :

            Que ce soit pour distribuer accessits ou mises en garde, éloges, remontrances ou conseils, les enseignants usent avec une relative solennité de la troisième personne dans les bulletins scolaires. Particulièrement dotée de souplesse morphologique et référentielle, elle est susceptible de renvoyer à toutes les places d'interlocution, un phénomène lié notamment aux spécificités énonciatives de ce genre de discours.

Sujet énonciatif, sujet syntaxique et/ou sujet délocuté, nous en observerons les manifestations visibles et invisibles dans une sélection d'occurrences issues d’extraits de Livrets scolaires uniques (LSU), du Cycle 1 au Lycée. En effet, cette troisième personne est capable d’y revêtir différentes formes : prénom, pronoms (personnel et relatif), groupe nominal (allusif, individuel ou collectif), description définie autonyme et même ellipse, elle est utilisée par les énonciateurs enseignants pour désigner n’importe quel référent concerné de près ou de loin par l’énoncé.

En conséquence, nous questionnerons la valeur communicationnelle de ces choix lexicaux et syntaxiques, à partir de la relation entre les places d’interlocution et les positions énonciatives (Saunier 1998) dans ce contexte, et son incidence sur la portée pragmatique de nos énoncés. Plus précisément, au vu du schéma énonciatif du bulletin scolaire et de son rôle, si le concept exclusif de non-personne (Benveniste 1966/1974) semble ici un leurre – en ce que l’utilisation de la troisième personne ne peut exclure son référent des destinataires directs de ces écrits – elle met à mal les possibilités d’intersubjectivité, d’une part, et d’autre part fonctionne comme un “masque discursif” (Riedinger 2021) lorsque l’énonciateur en use pour se désigner lui-même.

 

Mardi 18 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Fallait-il "emmerder les non-vaccinés" ? Analyse du phénomène médiatico-discursif des petites phrases, entre polémique et panaphorisation

Damien Deias, université de Lorraine

Résumé :

            Le 5 janvier dernier, tous les grands titres de la presse nationale française relayaient un segment de discours extrait d’un entretien qu’Emmanuel Macron avait donné la veille au Parisien : « Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. ». L’énoncé était alors qualifié de « petite phrase », dénomination discursive forgée par les professionnels de la communication et les journalistes, et aujourd’hui connue et reconnue par le plus grand nombre.  La circulation de cet énoncé est emblématique de ce que Maingueneau nomme la « panaphorisation », la saturation provisoire de l’espace médiatique par un événement de discours, qui s’accompagne d’une polémique sur la justification et le bien-fondé de sa production.

            Ce phénomène médiatico-discursif est pourtant complexe. Fruit d’une co-construction verticale entre des acteurs politiques et des journalistes, le détachement de ces énoncés s’opère selon des critères qui constituent un contrat de communication implicite. Leur mise en circulation implique des réarrangements selon les genres de discours où ils sont insérés – troncations, reformulations partielles… - de sorte qu’une « petite phrase » correspond bien souvent à un ensemble de formulations, à l’instar des formules (Krieg-Planque). Enfin, objet de contre-discours et de parodies, la dénomination « petite phrase », catégorie dépréciée, caractérise souvent le discours de l’autre, celui de l’adversaire.

Au terme de cette réflexion, nous nous essayerons donc à répondre à la question posée par le titre : fallait-il vraiment prononcer cet énoncé et le verbe « emmerder », qui a résonné aux oreilles de nombreux destinataires comme un performatif ?

 

Mardi 25 octobre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

I Came, I Saw, I Taught

Mary Bouley, université de Bourgogne

Résumé :

       The vision of a lingua franca:  the yearning goes back at least as far as Condorcet’s eighteenth-century dream of a universal language.  Few would deny that in today’s internet- and social media-saturated world, that language is English.

Yet English is most certainly not that universal language permitting “equal knowledge of necessary truths” envisioned by Condorcet.  It is a language colored by the colonial past of the British Empire and the present-day economic, military and cultural power (some would use the term “imperialism”) of the United States, two influential nations in which the language is spoken.  How one tallies the costs and benefits of English as the world’s dominant lingua franca will depend, in part, on how one looks at language:  as a tool for international and intercultural communication, as a marker of identity, as an instrument of power, a tool for democracy, a commodity on the professional and cultural market, a human achievement.

It is in this complex context that my remarks take root, and more specifically in the environment of education in France, a country resolute in its protection of the national language.  What empowerment is offered by the international adoption of English as a shared language?  What risks for national, local and regional languages and for the speakers of those languages?  How does the neoliberal reframing of educational objectives toward a market model in higher education influence our teaching (specifically the teaching of language and teaching in the English medium) and thus our students’ learning?  What, in addition, are the dangers posed by the global spread of English for native speakers of the language?

I will explore these questions through the prism that is mine: a native speaker of American English, a longtime educator in France at various levels and contexts of instruction and, more recently, the director of the Language Center at the University of Burgundy.  My exploration will be experience-based, necessarily narrow-angled and anecdotal but, I hope, enlightening in its way.

 

Mardi 8 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Théories et pratiques en dialectologie générale : empirisme critique et intégration macro-systémique des endémismes

Jean-Léo Léonard, université Paul Valéry Montpellier 3

Résumé :

1. Ligne de mire

(en lieu et place »objectif ») : revisiter et infirmer quelques mythes (ou mythèmes), en dialectologie d’oïl

Mythème 1 ( les dialectes seraient statiques, hérités du Moyen âge ou de la période du Moyen français, périodes « formatives »

Mythème 2 ( les dialectes d’oïl n’auraient été que ruraux des sociolectes rustiques Ils auraient été peu pratiqués dans les villes, voire même dans les bourgs Villes et bourgs ne pouvaient être qualifiés de « centres directeurs » town dialects

Mythème 3 continuisme ou la « tapisserie » de Gaston Paris) les dialectes d’oïl se fondent en un continuum de fin dégradé, les dialectes n’existent pas vraiment Faux, ou du moins trop vague et empiriquement non ancré (aucune contextualisation externe derrière cette assertion) Notre étude de cas maraîchine montre le grain fin de l’interactionnisme entre sous dialectes à part entière au sein de diasystèmes (et non de simples points ou pointillés d’un continuum impressionniste)

Objectif de la déconstruction de ces mythèmes contribuer à une dialectologie générale, en synergie avec la linguistique théorique et descriptive, notamment avec la typologie linguistique, mais de manière « non essentialiste»

Ces mythèmes sont des apories ; ils bloquent la réflexion en dialectologie générale

 

Mardi 15 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

La langue populaire au début du XXe siècle : les représentations à l'épreuve de l'archive

Agnès Steuckardt, université Paul Valéry Montpellier 3

Résumé :

Les représentations d’une langue du peuple occupent, à partir du milieu du XIXe siècle, une place grandissante dans la littérature, que ce soit dans les romans, d’Eugène Sue à Victor Hugo, ou dans les chansons, d’Aristide Bruant à Jean Richepin. Quand commence la Grande Guerre, les journaux se passionnent pour l’« argot des tranchées », bientôt étudié par les philologues. Dans quelle mesure cette « langue populaire », représentée et décrite, correspond-elle aux pratiques linguistiques réelles des classes populaires ? Si leur parole vive ne nous est pas accessible, les archives collectées pendant le Centenaire de la Grande Guerre permettent aujourd’hui de mieux connaître leur pratique linguistique écrite et de confronter une langue populaire construite par les lettrés avec des usages attestés chez les moins lettrés. C’est à cette confrontation, menée sur la base des archives collectées dans Corpus 14 (https://www.univ-montp3.fr/corpus14/), qu’invite cette conférence.

 

Mardi 22 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

Analyser les textes philosophiques aujourd’hui

Malika Temmar, université de Picardie Jules Verne

Résumé :

L’analyse du discours est un domaine de recherche bien connu aujourd’hui en France. Après avoir rappelé ses fondements et ses principes, il s’agira ici de se saisir d’un exemple de terrain d’investigation de ce champ, celui de la philosophie. Cette communication cherchera à mettre en valeur la façon dont on peut se saisir des outils d’analyse du discours pour aborder ce type de texte particulier. Les approches énonciatives et pragmatiques seront privilégiées pour analyser les formes expressives de ce genre de discours. Notre présentation mettra en valeur les différents genres et les supports sur lesquels on trouve le discours philosophique, outre les textes sources doctrinaux, il s’agira également d’interroger les nouvelles formes de diffusion de la philosophie dans les médias français.  

Mardi 29 novembre 2022, 15h 00 – 17h 00, amphithéâtre MSH

La linguistique textuelle française et l'héritage de l'École de Prague au XXI° siècle

Guy Achard Bayle, université de Lorraine

Résumé :

Pour dérouler la chronologie et justifier la continuité épistémologique annoncées ou impliquées par notre titre, notre exposé suivra trois étapes :

Dans un premier temps, nous reviendrons sur les fondements du Cercle linguistique de Prague (CLP), en suivant ses textes fondateurs de 1929 (https://cercledeprague.org/pdf/theses.pdf), et en mettant l’accent sur leur orientation fonctionnaliste (et pas seulement structuraliste) ; cette orientation fonctionnaliste préfigure avec plusieurs décennies d’avance, l’évolution de la linguistique disons classique ou « traditionnelle » vers les « sciences du langage », autrement dit, pour ce qui nous concerne, la « linguistique des textes et des discours ».

Dans un deuxième temps, nous verrons comment la « seconde École de Prague », qui a mis elle l’accent sur la « syntaxe fonctionnelle », a permis dans les années 70 l’éclosion de théories linguistiques aussi diverses, mais complémentaires en termes de cohésion-cohérence macrosyntaxique ou transphrastique, que celles de Halliday & Hasan en Angleterre, ou Combettes et Adam en France ou en Suisse… Entre autres, tant les travaux néo-pragois sur l’actualisation informationnelle de la phrase, ou encore les progressions thématiques, ont eu d’écho, dans toute l’Europe centrale, mais encore en Scandinavie, en Italie, en Espagne…

Dans un troisième temps, nous verrons, sur la base de nos propres travaux, menés pour la plupart en collaboration avec le Pr Ondřej Pešek, franco-romaniste membre du CLP, comment se développe aujourd’hui une linguistique des niveaux « mésotextuels » : le récent ouvrage d’Adam sur le paragraphe en est une des plus fortes illustrations et des plus riches explorations. Avec le Pr Pešek, nous avons également exploré l’organisation informationnelle des paragraphes, mais aussi celle qui se situe, disons, au-dessus, entre paragraphes (https://journals.openedition.org/discours/10799) ; et nous nous tournons aujourd’hui vers l’étude de celle des autres niveaux « méso », comme la période et la séquence.

 

Mardi 6 décembre 2022, 15h 00 – 17h 00, salle des séminaires MSH

Donner un ordre dans l’espace public

Mustapha Krazem, université de Lorraine

Résumé :

L’injonction consiste à ce qu’un locuteur A pose un acte de langage visant à ce que le destinateur B exécute le procès voulu par le locuteur A.

            Révise ton cours de linguistique avant de dîner !

La langue dispose de multiples moyens pour réaliser une injonction. Il est même des moyens non linguistiques de réaliser cet acte (par exemple le panneau « sens interdit ».

On s’intéressera à la façon dont l’injonction est réalisée dans l’espace public en se limitant aux formes linguistiques exemplifiées ci-dessous :

            Je garde deux mètres de distance pour protéger les autres

            Gardez deux mètres de distance pour protéger les autres

            Gardons deux mètres de distance pour protéger les autres

            Garder deux mètres de distance pour protéger les autres

. On montrera l’évolution de l’emploi de ces formes depuis une vingtaine d’années, les formes en JE tendant à envahir l’espace public au détriment de l’impératif de deuxième personne. On tentera d’en comprendre les raisons sociologiques tout en montrant que potentiellement toutes les formes ci-dessus étaient prêtes à mettre en valeur des propriétés qui leur sont inhérentes même si elles étaient moins sollicitées auparavant.

 

Mardi 13 décembre 2022, 15h 00 – 17h 00, salle des séminaires MSH

« Parce qu'euh... j'ai connu un mec qui est un homme averti qu'en vaut deux. Eh ben... » (Coluche)

Samir Bajrić, université de Bourgogne

« L’article prend valeur relativement à un problème qui n’existe pas seulement pour l’esprit d’un peuple, mais universellement pour l’esprit humain, par le fait même du langage. Ce problème date du jour où un esprit d’homme a senti qu’une différence existe entre le nom avant emploi, simple puissance de nommer des choses diverses et diversement concevables, et le nom qui nomme en effet une ou plusieurs de ces choses. Il s’est posé avec plus de force, à mesure que ce sentiment devenait plus net, et il a été résolu [...] par l’invention de relations systématiques entre le nom virtuel et le nom réel. Les articles sont, dans la langue, le signe apparent de ces relations ».[1]

La linguistique française (en France et ailleurs) dispose d’un nombre difficilement calculable de travaux portant sur la catégorie grammaticale nommée article. Parmi ces travaux, nombreux sont ceux dont le modèle interprétatif concerne, de près ou de loin, les principes de systématique du langage, courant linguistique fondé par le linguiste français Gustave Guillaume. En publiant son excellent ouvrage Le Problème de l’article et sa solution dans la langue française, en 1919, Guillaume a ouvert une très longue série de recherches extrêmement fécondes en la matière. L’on ne compte plus les travaux dans lesquels Guillaume et les guillaumiens fournissent les bases explicatives à propos des articles français un et le.

Cette conférence mettra l’accent uniquement sur l’article un, communément appelé article indéfini, et qui tire son origine, semble-t-il, de la catégorie du nombre, en français et dans les autres langues concernées.[2] On s’aperçoit que, lors du passage de l’idéogenèse à la morphogenèse, l’esprit du locuteur fonde l’apport notionnel sélectionné (extensité) alternativement dans une valeur d’article ou / et dans une valeur de numéral. Cette discontinuité catégorielle est de nature à créer des ambiguïtés d’interprétation et des saisies médianes ou bi-tensorielles :

  • Quand il y a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute (à partir de l’anglais : Whenever there is any doubt, there is no doubt)
  • Une fois, on était au restaurant…
  • (en temps de paix) : J’ai tué un - Quoi ?! Quel homme ? / Un seul homme ?
  • (en temps de paix) : J’ai tué des - Quoi ?! Quels hommes ? / Combien d’hommes ?
  • (en temps de guerre) : J’ai tué un homme = « un seul / 1 homme »
  • ça marche moins bien avec : Chéri, j’ai un amant…

 

[1] Guillaume G., Le Problème de l’article et sa solution dans la langue française, Paris, Hachette, 1919, p. 21-22.

[2] À titre de rappel, la partie de langue nommée article n’est pas partie intégrante des universaux du langage. En effet, nombre de langues ignorent cette catégorie.

Lire la suite : Séminaire linguistique 2022

  • Séminaire LmM 2021

    affiche 1 avec cartouche teaser

     

    21 octobre 2021 (salle des conseils MSH Dijon) : introduction

    Vanessa Besand (Université de Bourgogne – CPTC) : Les baisers de Blanche Neige.

    Henri Garric (Université de Bourgogne – CPTC) : Baisers absolus et baisers burlesques dans la littérature du XIXe siècle et dans le cinéma muet.

     

    25 novembre 2021 (La Nef, centre ville de Dijon, 1 place du théâtre) :

    Florence Fix (Université de Rouen) et Corinne François-Denève (Université de Bourgogne, CPTC) : Le baiser interrompu dans le théâtre français du XIXe siècle

     

    16 décembre 2021 (forum des savoirs, MSH Dijon) : Lisa Sancho (Université de Bourgogne, CPTC) :

    Elara Bertho (CNRS LAM) : Histoire de baisers. En 3 palimpsestes littéraires – choix de baisers dans la littérature africaine

     

    Lire la suite : Séminaire LmM 2021

  • Colloque Pif le chien

     

    les vidéos des interventions du colloque sont en ligne sur le site de canal-u, ici.

     

    aff expo PIF A3 sep19.jpg web

     

    Au début de la Guerre froide (en 1948) Jose Cabrero Arnal (qui signe Claude Arnal), républicain espagnol exilé qui revient du camp de concentration de Mathausen (libéré le 5 mai 1945) crée pour l’Humanité un feuilleton sous forme de « comic », Pif le Chien. Les pages paraissent aussi bien dans l'Humanitél'Humanité-Dimanche ou  l’Almanach de l’Humanité. Il avait d’abord proposé « Clopinet le Canard » et c’est le 28 mars 1948 que paraît le premier dessin (les premières cases ou « strip ») de Pif qui devient en 1965  le journal de Pif, puis en 1969 Pif gadget. Il est aussi publié dans Vaillant. Mais Pif le chien, est aussi un héros repris par d’autres dessinateurs, c’est l’esprit Vaillant et d’équipe qui prime. Ainsi, plusieurs auteurs signent ces aventures (comme R. Mas). Le projet Piferai a pu constituer un corpus important à partir de l’Humanité de 1948 à 1968 et le magazine trimestriel qui reprenait les dessins sous le titre  Les aventures de Pif le chien. Le corpus est numérisé à la MSH de Dijon. PIFERAI (Pif dans tous ses états : recherches, archives, interdisciplinarité) est un programme de recherche porté par la MSH de Dijon, lauréat dans le cadre de l’AAP « Transmission Travail Pouvoir » des MSH de Dijon et Besançon) a permis une première approche dans le cadre d’un séminaire sur les enjeux ou les logiques d’écriture et de mise en page.

    L’approche pluridisciplinaire du colloque vient conclure cette recherche en se proposant d’analyser le corpus (les mots, les dessins, les planches, les thèmes), tant dans la dimension humoristique, linguistique, mais aussi du dessin anthropomorphique et surtout sa portée politique (éducation et messages). Au sein des thèmes on peut retenir la culture de Guerre froide, mais aussi des sujets graves (manque de nourriture, logement, problèmes des classes et des disparitions des richesses, sans oublier les loisirs de masse comme le Tour de France, etc.). D’autre part, un travail sur la diffusion viendrait s'ajouter (abonnement, diffusion militante, inviterait à une cartographie précise et géo-référencée de Pif en France et dans les colonies…) ainsi qu'une approche généalogique revenant aux inspirations d'Arnal (Mickey, bien sûr, mais aussi les family strips américains des années 1920 et les Silly Symphoniesde Disney) et sur ses premiers dessins, publiés dans la presse espagnole des années 1920-1930.

    Colloque organisé par Henri Garric (Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures (CPTC), uB) et Jean Vigreux (CGC UMR CNRS uB 7366), en partenariat avec la Maison des Sciences de l'Homme de Dijon.

     

    Lire la suite : Colloque Pif le chien

  • Séminaire linguistique 2021

    webprogramme seminaire linguistique

     

    Résumés

    Pauline Haas

    Université Paris 13

    Classification sémantique des noms en français

    De nombreuses études recourent à la classification sémantique, que ce soit de manière centrale, dans le but de décrire et de conceptualiser le sens des mots (études sémantiques et lexicologique), ou comme matériaux pour traiter d’autres questions linguistiques (par exemple, la mise en évidence les liens entre opérations morphologiques et construction du sens, l’exploration des contraintes sémantiques de sous-catégorisation pesant sur les arguments des prédicats, ou encore pour les besoins de désambiguïsation sémantique rencontrés en traitement automatique des langues).

    Le travail présenté, élaboré en collaboration avec Lucie Barque (univ. Paris 13, sémanticienne), Richard Huyghe (univ. de Fribourg, Suisse, sémanticien) et Delphine Tribout (univ. de Lille, morphologue), propose une classification sémantique des noms du français établie au moyen de tests linguistiques distributionnels. Il s’agit d’aboutir à une typologie sémantique des noms fondée sur leurs propriétés linguistiques. Il s’agit également de proposer concrètement une méthode de classification.

    Après avoir brièvement présenté les différents types de classements sémantiques existants, je présenterai en détail la typologie sémantique proposée qui se compose de 14 classes simples et de 7 classes sémantiquement complexes (ou hybrides). Seront abordées les difficultés liées à la description de la polysémie et à sa distinction avec la complexité sémantique, ainsi que les questions liées à la classification en langue vs l’annotation en corpus.

     

    Guillaume Coqui

    Université de Bourgogne

    La compréhension du non-sens

      À la faveur de ce que d'aucuns ont nommé son « tournant linguistique », la philosophie du XXe siècle s'est redécouvert un intérêt pour la question de la signification, ou de la signifiance, des énoncés, promue au rang d'une question logiquement antérieure à celle de la vérité des thèses. Ce faisant, elle s'est obligée à fournir une analyse du langage qui est venue nourrir et, parfois, concurrencer l'analyse des linguistes, et dont un aspect nous retiendra ici : à quel type de conditions ou de critères peut-on recourir pour décider de la signifiance d'un énoncé ou d'un terme ? Autrement dit, comment identifier le non-sens, et, partant, le sens ? Peut-on soutenir que c'est la signification individuelle des termes qui composent un énoncé qui détermine si l'énoncé complet a un sens, ou faut-il plutôt recourir à une théorie alternative du non-sens, qui est celle de Frege, ainsi que l'ont soutenu à la fin du siècle dernier Cora Diamond (The Realistic Spirit, 1991) et, à sa suite, Jacques Bouveresse (Dire et ne rien dire, 1997) ? L'examen de ces questions permet de montrer à quel type de décisions théoriques la question du non-sens nous contraint, en ce qui concerne la nature de la signification, de la compréhension et de l'interprétation.

     

    Dubravka Saulan

    Université de Bourgogne

    Trop drôle : sujet riant, identitèmes et positionnement dans le discours

     

    Dans cette communication, nous tâcherons d’analyser la notion d’identitème à l’aide du sujet pensant-parlant (riant ?) dans son versant interprétatif. Positionné dans le discours, il y tisse sa toile identitaire grâce à et malgré son hétérogénéité. Cette dernière se manifeste avant tout dans le discours (public), dès lors que le locuteur en question assume son rôle de récepteur des messages concernés. C’est par le biais d’interprétation qu’il puise dans sa mémoire linguistique et socio-culturelle et qu’il s’attaque au jeu d’identitèmes. Force est de constater que ce jeu devient à son tour hétérogène. Produits par l’émetteur – qui peut ne se manifester que marginalement dans le discours -, les identitèmes passent par le sujet-parlant, avant de reproduire leur « je » et leur « jeu » dans l’identification du sujet interprétant (locuteur hétérogène). Nous essayerons de réfléchir comment la même identification pourrait être altérée chez le locuteur bi- ou multilingue, notamment dans l’exemple des figements et des semi-figements portant sur l’humour.  Afin d’y parvenir, il nous sera incontournable de re-questionner la notion de sémiosphère (identième vs. culturème : sémiotique culturelle oblige), en la posant en tête de tous les éléments qui parlent d’identitèmes sans les nommer. Nous étudierons certains d’entre eux (préconstruit, sujet pensant, sujet parlant, déictique, etc.). L’utilité de l’analyse du discours public dans cette optique repose sur le fait qu’il partage un certain nombre de traits distinctifs avec l’identitème lui-même : il repose sur la mémoire collective, il est (plutôt) créatif, référentiel et compressé ; enfin, il est la preuve physique de l’importance de l’intertextualité. 

     

    Hugues Galli

    Université de Bourgogne

    La langue verte permet-elle de rêver en couleur ?

     

    Il y a trente piges. Il y a belle lulure donc… Une paille, les années quatre-vingt dix ! Du vingtième siècle ! « Une époque que les moins de vingt ans… » Bref, du temps que Zinedine Zidane avait encore du cresson sur le caillou (c’est dire si c’est daté, les poteaux !) Pierre Merle se lamentait déjà. L’était tout mélanco, l’ancien pisse-copie du Nouvel Obs (pas le prof de socio, qu’a le même blaze, mais qui s’intéresse de près aux p’tis merdeux (truisme !) qui se font tartir comme des rats morts sur les bancs des bahuts de France et de Navarre). Il avait le bourdon. « Le Blues de l’argot »* qu’il observait. Concurrencé par l’ « argot fast-food ». L’argot à toutes les sauces. Le franglais**, le français kiskoze*** et même bientôt (prémonition ?) le français des técis de Jean-Pierre Goudailler. Dis-moi Saïd, comment tu tchachtes ? Et toi, Vinz ? J’vais en faire un dico****. Et préfacé par Claude Hagège, siouplaît ! Imaginez : « Deux linguistes dans la ville ». Scénario et réalisation : José Giovanni. Pas tout frais, le José, mais toujours bon pied bon œil ! Ça s’passe entre deux barres HLM. Cité La Noé, un jour où le ciel est gris (y’en a-t-il d’autres ?) Chanteloup-les-Vignes, dans le 7-8. Comme dans La Haine. Le couple Goudailler/Hagège crève l’écran. Gabin et Delon n’ont qu’à s’rabiller. Au vestiaire les vieux kroumirs !

    Mais voilà qu’on digresse…

    C’est peut-être aussi ça l’argot ? Une idée qui en appelle une autre. Puis une autre encore. Des images plein la tête. Des associations. Et toujours par métaphore. Du sous-Proust. En moins barbant quand même ! L’école buissonnière de la langue.

    Elle est passée où la langue fleurie, la langue verte ? Existe-t-il toujours, le « parler canaille » ? L’argot des « vrais de vrais » ? Et qu’est-ce qu’ils sont devenus les princes de l’argot***** ? De l’argot d’antan ?

    On y regardera de plus près, promis. Nostalgiques s’abstenir.

    *Merle, Pierre, Le blues de l’argot, Paris : Seuil, 1990.

    ** Étiemble, René, Parlez-vous franglais ? Paris : Gallimard, 1964.

    ***Beauvais, Robert, Le français kiskoze, Paris : Fayard, 1975.

    **** Goudailler, Jean-Pierre, Comme tu tchachtes ! Dictionnaire du français contemporain des cités, Paris : Maisonneuve et Larose, 1997.

    ***** Cérésa, François, Les princes de l’argot, Paris : Éditions Écriture, 2014.

     

    Manar El Kak

    Sorbonne Université

    La théorie des aires chez Gustave Guillaume et son application à la langue arabe

    Dans ses Leçons de linguistique, Guillaume s’est intéressé à la typologie des langues en décrivant, notamment pour le français, les mécanismes à l’œuvre dans la formation du mot. Sa typologie, novatrice du fait qu’elle aborde en diachronie et en synchronie la formation du mot et son passage vers la phrase et inversement, aboutit à une classification des langues selon trois aires, prime, seconde et tierce, dont les plus représentatives sont : le chinois, langue à caractères, l’arabe, langue à racines et le français, langue à radical. Diachroniquement, les langues indo-européennes, langues à mots se situent en exophrastie, c’est-à-dire, au seul niveau de la langue amenant à un achèvement matériel et formel du mot. Quant aux langues sémitiques, dont l’arabe fait partie, elles sont à la fois exophrastiques et endophrastiques, dans la mesure où la formation du mot passe par deux saisies lexicales, la première se situe en langue et la seconde en discours.

    Par cette théorie de trois aires, il semble que le mot arabe connait deux étapes dans sa formation selon Guillaume. Or, selon certains linguistes arabes et arabisants, le mot arabe est constitué de deux parties : une racine et un schème, responsables respectivement du contenu sémantique et grammatical, mais où chacune d’elles est considérée comme un signe linguistique (Fleisch, 1961 ; Larcher, 1995). Ainsi, notre première question s’oriente vers l’applicabilité de cette théorie à la langue arabe. Ce qui nous amène à nous interroger sur le mot arabe en tant qu’entité à double signe : comment se forme-t-il ? Se forme-t-il en langue ou en discours ? Qu’en est-il des cas où une racine donne naissance à des mots polysémiques ? Ces questions et tant d’autres vont nous permettre d’aborder la formation du mot en arabe, afin de vérifier l’applicabilité de la théorie des aires à ladite langue, en prenant en considération au moins deux paramètres : le morphème lexical, ou racine, et le morphème grammatical, ou schème.

     

    Ľudmila Lacková

    Université Palacký, Olomouc, République Tchèque

    Peirce et le structuralisme

     

    C'est une tendance générale de la sémiotique de considérer Peirce en contradiction avec le mouvement structuraliste, également appelé sémiologie. Cette contradiction n'est qu'une décision arbitraire des sémiologues actuels. Peirce a développé sa théorie indépendamment du mouvement structuraliste (il ne pouvait en être autrement en raison de la nature linéaire du temps) et les sémiologues aussi : au moins au début du mouvement, si l'on part de Saussure, il est clair que les deux théories ont émergé indépendamment l'une de l'autre. S'il y a eu des convergences dans les générations ultérieures de la sémiologie, comme dans le cas de Roman Jakobson, elles ne font certainement que soutenir l’hypothèse selon laquelle il n'y a rien de contradictoire entre la sémiotique de Peirce et le structuralisme européen. L'argument selon lequel l'approche dyadique présumée « fermée » n'est pas commensurable avec l'approche triadique permettant une sémiose illimitée ne tient pas si l'on considère que les sémiologues avaient d'autres stratégies pour décrire le processus interprétatif illimité, comme les chaînes connotatives par exemple. Démontrer la conciliabilité du structuralisme avec la sémiotique interprétative de Peirce était l'objectif général de l'œuvre d'Umberto Eco. Je voudrais aller encore plus loin et faire apparaître que Peirce était dans une certaine mesure plus « structuraliste » que les sémiologues eux-mêmes. Pour cela, je m’appuierai sur des exemples d'aspects formels tirés des manuscrits de Peirce et considèrerai ce dernier comme un prédécesseur de la syntaxe valentielle de L. Tesnière.

     

    Jean-Hadas-Lebel

    Université Lumière-Lyon 2

    Que savons-nous de la flexion nominale en étrusque ?

    Alors qu’au milieu du Ier millénaire av. J.-C. les Étrusques dominaient une bonne partie de l’Italie, l’irrésistible ascension d’une petite cité du Latium, Rome, a fini par faire disparaître de la carte ce peuple si singulier. Un des principaux mystères entourant les Étrusques vient de leur langue, encore aujourd’hui très obscure. Bien qu’ils nous aient laissé plus de dix mille inscriptions, notre compréhension de leur langue progresse très difficilement. Il faut dire que l’étrusque n’appartient à aucune famille linguistique connue. Qui plus est, les linguistes ne disposent d’aucune Pierre de Rosette susceptible de faciliter leur tâche. Toutefois, grâce à l’acharnement d’une poignée d’étruscologues, notre compréhension de la flexion nominale étrusque a connu une avancée non négligeable ces dernières années. Comme on le verra, c’est à la typologie que l’on doit ces récents progrès. L’auteur de ces lignes est d’ailleurs persuadé que la typologie a encore beaucoup à nous apporter pour la connaissance de l’étrusque en général.

     

    Romain FILSTROFF

    Vidéaste

    Monté de Linguisticae

     

    La vulgarisation est une pratique visant à rendre le savoir accessible. Si simplifier peut paraitre simple, ce n’est paradoxalement pas le cas : c’est en réalité un exercice délicat, qui nous expose aussi bien aux critiques des experts que des profanes. Les premiers pointeront le manque de précision ou les libertés prises avec la réalité scientifique du discours tandis que les seconds pointeront le manque de clarté ou le niveau de connaissances préalable requis pour une bonne compréhension.

    La vulgarisation à destination du grand public sur une plateforme comme YouTube expose aussi à des problématiques supplémentaires : il faut captiver l’audience, rendre un sujet vendeur, et dans le cas de la linguistique susciter un intérêt pour une discipline méconnue. La viabilité économique d’une chaine professionnelle dépend souvent de ce seul facteur. Parfois, c’est un autre public que l’on cherche à attirer : des annonceurs, des éditeurs ou des producteurs.

    Il n’existe ni modèle, ni bonne pratique. Il s’agit là d’une pratique émergente au sein d’un milieu très changeant. Les vulgarisateurs sont souvent des acteurs atypiques, parfois issus d’autres spécialités que celles qu’ils partagent, donnant lieu à des positionnements différents et des légitimités variables.

    C’est alors au travers d’un parcours personnel incarné que seront abordées ces questions et le thème de cette intervention.

     

    Inès SFAR

    Sorbonne Université

    Le discours lexicographique entre précision définitoire et ambiguïté d’exemplification

     

    Le discours lexicographique permet, selon A. Rey (1995 : 95) de fournir « une image des usages de la langue » à partir d’un discours de base qui peut être réalisé ou virtuel. C’est parce qu’il est virtuel qu’il favorise une stratégie discursive propre, permettant de produire un discours exemplifiant, « sémiotiquement complexe, hétérogène, démonstratif, idéologique-culturel, didactique et passablement pervers » (1995 : 95). Les exemples utilisés dans le discours lexicographique sont présentés comme des « faits de discours individuels assumés ou non » et qui « renvoient donc inductivement à une catégorie de faits (syntactiques, sémantiques, pragmatiques) pour dégager une norme, soit objective (statistique, philologique), soit projective (sociale, politique, idéologique) » (1995 : 101). Au-delà de son triple statut, fonctionnel, sémantique, social et pragmatique, l’exemple a deux sémantismes : « l’un indirect, renvoyant à un signe du langage, l’autre direct, renvoyant à un contenu conceptuel ou à un référent » (1995 : 103). Il fait l’objet d’une « double lecture ». C’est cette ambiguïté entre « mention » et « usage » que nous tenterons d’analyser dans la présente contribution. Nous partirons des exemples du Dictionnaire des expressions et locutions d’Alain Rey et Sophie Chantreau (1989, réed 2003) afin d’expliciter le lien qui existe entre le contenu définitoire de la locution et l’exemple, qu’il soit référencé ou pas. Le choix de notre corpus est motivé par le fait que ce type de dictionnaires présente plusieurs particularités, qui sont à rattacher, non seulement, à la nature de l’ouvrage, mais également à la forme des entrées lexicales choisies : les locutions et expressions, de par leur polylexicalité, présentent des variations qui rendent difficile leur classement alphabétique dans un dictionnaire et imposent au linguiste-lexicographe d’opérer des choix dans la sélection, qui ne sont pas toujours justifiables, notamment en ce qui concerne la relation qui existe entre l’entrée et les exemples (forgés ou citations) qui permettent de l’illustrer. Trois cas de figure se présentent à nous :

    • Explicitation de la définition (sémantique et / ou pragmatique)
    • Explicitation de l’exemple (anonyme ou référencé)
    • Absence d’explicitation (définitoire et / ou exemplifiante).

     

    Mots-clés : discours lexicographique, exemple, ambiguïté, discours oblique, définition, implicite.

     

    Bibliographie

    BALIBAR-MRABTI Antoinette. « Exemples lexicographiques et métaphores ». In: Langue française, n°134. Nouvelles approches de la métaphore. pp. 90-108. 2002.

    FUCHS Catherine. Les ambiguïtés du français. Ophrys. 1996.

    LEHMANN Alise (dir.). Langue française, n°106, L’exemple dans le dictionnaire de langue Histoire, typologie, problématique. Larousse. Paris. 1995.

    L’HERMITTE René. « Lexicographie et idéologie ». In: Revue des études slaves, tome 54, fascicule 3, pp. 403-408. 1982.

    MARTIN Robert. Inférence, antonymie et paraphrase. Klincksieck. 1976.

    REY Alain. « Du discours au discours par l’usage : pour une problématique de l’exemple ». Langue française, n°106. pp. 95-120. Larousse. Paris. 1995.

    REY Alain. CHANTREAU Sophie. Dictionnaire des expressions et locutions (1989, réed 2003). Le Robert.

     

    Ksenija ÐORÐEVIĆ LEONARD

    EA-739 Dipralang, Université Paul-Valéry Montpellier 3

     La patrimonialisation des éléments identitaires : trois études de cas (Italie, Estonie, Serbie)

     

    Dans cette communication nous allons observer comment s’opère la patrimonialisation de divers éléments identitaires (langue, culture, religion) de trois populations minoritaires en Europe, à partir de nos enquêtes de terrain réalisées en Italie, en Estonie et en Serbie, dans un passé récent.

    La première de nos études de cas portera sur la situation de la minorité croate, installée au sud de l’Italie, dans le Molise, depuis le XVème siècle, qui conserve encore aujourd’hui l’usage d’une variante ancienne de sa langue – ce qui, en soi, en augmente la valeur patrimoniale. Le répertoire linguistique des Croates molisains est ainsi marqué par le feuilletage de plusieurs variétés : l’italien standard, le dialecte molisain italo-roman, le croate molisain ou le na-našu comme l’appellent les locuteurs, et – quoique plus rarement – le croate standard. Notre regard portera ici essentiellement sur le na-našu – la variété dialectale locale. Nous montrerons comment cette variété est réinvestie dans le cadre de la valorisation d’un héritage culturel original qui, sans passer par une revitalisation fonctionnelle, ne participe pas moins du développement social et culturel de toute une communauté.

    La deuxième de nos études de cas portera sur la situation de la minorité slovaque de Serbie. Même si celle-ci représente seulement 0,73% de la population totale, et si sa langue, dans une situation de diglossie avec la langue majoritaire – le serbe, est minorisée dans l’espace public, la valeur ajoutée aussi bien commerciale que symbolique qui joue en faveur de la visibilité de la communauté slovaque se trouve – une fois n’est pas coutume – pas seulement dans la langue minoritaire, mais dans le domaine de l’art. Nous analyserons les stratégies de marketing touristique des communes dans lesquelles sont installées les Slovaques. Ces stratégies sont organisées autour de la valorisation du patrimoine culturel communautaire, à travers les nombreux musées d’art ou de traditions populaires, les ateliers de peintres ou de fabrication de violons, ou encore les maisons natales d’artistes, transformées en curiosités touristiques, qui parsèment le centre de la commune, et constituent à la fois le moteur et l’âme de ces localités.

    Enfin, la troisième de nos études de cas portera sur les vieux-croyants d’Estonie. Cette population se définit aujourd’hui essentiellement par son héritage culturel et linguistique et par sa religion. Cependant, nous sommes ici dans une situation paradoxale, où la communauté (certes parfaitement russophone) s’identifie aussi à travers une langue – le slavon d’église – dont la maîtrise réelle est réservée à un cercle d’initiés, à travers une religion – la « vieille-foi » – dont la pratique ne résiste pas au recul du fait religieux dans l’espace européen, ainsi qu’un héritage culturel qui se fond en partie dans celui de leurs compatriotes russophones. Néanmoins, le sentiment de défendre une spécificité et une originalité est bien présent au sein de la communauté.

    A partir de nos observations directes et participantes et de nos enquêtes de terrain réalisés dans les trois pays, nous verrons comment s’opère la patrimonialisation des éléments identitaires des populations minoritaires à cette époque où aussi bien la langue que la culture ou encore la religion sont réinvesties dans le cadre de la valorisation d’un héritage culturel original. Nous monterons que, sans viser une revitalisation fonctionnelle, la patrimonialisation ne rime pas ici pour autant avec la folklorisation ou la muséification. Elle témoigne d’un processus dynamique qui contribue au développement social et culturel d’une communauté, mais aussi de toute une région.

     

    Samir Bajrić

    Université de Bourgogne

    Langue sans tête

    ou

    Absence / omission de pronom personnel dans la phrase verbale

    Encore une conférence sur les pronoms ?! (Sic !) Une quatrième (ou une troisième, je ne sais plus…) pour les six dernières années ? Oui, mes chers. Au risque de surprendre, de décevoir, de dérouter, bref, de dégoûter certains, j’ai décidé de poursuivre dans ladite voie, car le domaine est prometteur, le terrain est fécond, le phénomène est source permanente de curiosités. Et en parlant de ce dernier, c’est bien d’une certaine phénoménologie, d’une phénoménologie certaine que relève l’objet de la présente étude : s’intéresser à ces faits de langue-là où, pour faire simple en faisant diversion, la phrase verbale devient « décapitée », « guillotinée », privée de l’apparent essentiel. C’est ce que je nomme et renomme : langue sans tête ou absence / omission de pronom personnel (indice personnel de Tesnière) dans la phrase verbale. De nombreuses langues du monde affichent une syntaxe se prêtant à ce type d’emploi grammatical, voire de conception de l’énonciation :

    • langues slaves (toutes) : russe : Не могу. ; bulgare : Мисля, че съм така; slave méridional : Mislim, dakle jesam; tchèque : Myslím, že ano ;
    • latin : Cogito ergo sum.
    • italien : Dove e come ci colpiranno, onestamente non lo so.
    • espagnol : Estoy sediento. ; ¡Si, lo practicamos!
    • roumain : Cred că așa sunt.
    • albanais : Mendoj se jam ashtu.
    • allemand : Muß sich daran gewöhnen.

    Le français semble se situer à l’écart de cette particularité, si, bien entendu, nous limitons notre observation à sa norme grammaticale. La construction * Pense, donc suis est aussitôt jugée non conforme aux lois syntaxiques, puisqu’elle doit céder à Je pense, donc je suis. Néanmoins, certaines conditions discursives permettent de nuancer cette rigidité : ellipse inter-phrastique (A voté !) ; excursion diastratique (Fais chier !) ; etc. (Leeman 2006).

     

    Bajrić S., 1996 : « Les pronoms : mots pleins semi-prédicatifs », dans École doctorale de Dijon, Université de Bourgogne, Questions de syntaxe, p. 1-33

    Bajrić S., 2021 : « L’alternance des termes d’adresse entre tutoiement et vouvoiement : français, espagnol, italien », en collaboration avec Daniela Ventura, actes du colloque « Romanistika 100 ; 100 ans d’études romanes à Zagreb : tradition, contacts, perspectives », 15-17 novembre 2019, Studia Romanica et Anglica Zagrabiensia, Zagreb, p. 65-70

    Leeman D, 2006, « L'absence du sujet en français contemporain : Premiers éléments d'une recherche », dans Information grammaticale, numéro 110, juin, p. 23-30

    Tesnière L., 1927b, « Pronoms et indices personnels », dans Bulletin de la Faculté des Lettres de l’université de Strasbourg, pp. 61-65

    Teyssier J., 1981, « Le système du pronom personnel allemand et ses implications morphosyntaxiques », dans Équipe de recherche en psychomécanique du langage, Langage et psychomécanique du langage, sous la direction de A. Joly et W.H.Hirtle, Québec, PUL, p. 151-185

    Lire la suite : Séminaire linguistique 2021

Sous-catégories

  • Colloques, Journées d'études et Séminaires

    Crédits audio et multimédia
    Les ressources audiovisuelles ont été réalisées par François Salisson du service Aide numérique de l'Université de Bourgogne - Pôle des Systèmes d'Information et des Usages du Numérique de l'Université de Bourgogne.

    Certains enregistrements en plus d'être audio sont filmés et ont parfois des pièces jointes (bibliographie, exemplier).

    Vous pourrez accéder aux pièces jointes à cet enregistrement via le triangle blanc s'affichant en haut à droite du lecteur. Cliquez alors sur le petit icône en forme de trombone pour ouvrir le menu.

    Ces documents sont protégés par licence Creative Commons  : patenité - pas d'utilisation commerciale - pas de modification

    cc-paternite-no-commercials-no-modifications-france

    Les captations et le montage ont été réalisés par François Salisson.

Contacts

Bureau 429
Université de Bourgogne, Faculté de Lettres et Philosophie
4 Boulevard Gabriel
21000 DIJON

 

  • Directeur du CPTC

Bajrić Samir
Tél : 03.80.39.55.27
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

  • Directeur adjoint du CPTC

Galli Hugues

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

  • Plateforme administrative

Martin Jérôme

Tél : 03.80.39.55.41

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Picard-Coudor Nathalie

Tél : 03.80.39.55.41

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Université de Bourgogne